La RDC lance un plan national de lutte contre la drépanocytose
25/11/2020
Définie par les pouvoirs publics de RDC avec l’appui de la Fondation Pierre Fabre, la stratégie nationale de lutte contre la drépanocytose a été présentée aux grands partenaires internationaux de santé en septembre dernier à Kinshasa puis validé début novembre. Objectif : intégrer la maladie au paquet minimum de soins d’ici 2022.
Le 8 septembre dernier, partenaires institutionnels, techniques et financiers du secteur de la santé étaient invités par le Ministre de la santé de la République Démocratique du Congo à la présentation du plan stratégique de lutte contre la drépanocytose. Les partenaires, au premier rang desquels l’OMS, l’UNICEF et le Fond Mondial, a pour objectif à terme la prise en compte de la maladie dans les programmes qu’ils financent en RDC.
Le 5 novembre 2020, la Commission de Prestations du ministère de la Santé a validé le Plan national stratégique de lutte contre la drépanocytose, aligné au Plan National de Développement Sanitaire, marquant ainsi officiellement l’intégration de la prise en charge de la drépanocytose dans le système de santé du pays – le deuxième plus grand d’Afrique, qui s’étend sur une superficie plus 2 millions de km2 et compte 516 zones de santé.
RDC, deuxième pays d’Afrique le plus touché par la drépanocytose
Avec une prévalence estimée à 2 % chez les nouveau-nés, la RDC est le deuxième pays d’Afrique le plus impacté par la maladie (après le Nigéria). On estime ainsi que 50 000 enfants naissent chaque année avec la drépanocytose et que la moitié d’entre eux décède avant 5 ans… alors qu’une prise en charge précoce et adaptée permet aux patients d’en maîtriser les symptômes et d’éviter la survenue de crises graves.
L’engagement de la RDC a pour ambition de fédérer et de canaliser les efforts de tous les acteurs, parties-prenantes et partenaires financiers pour contribuer à l’amélioration de l’état de santé de la population drépanocytaire. Cela marque une étape importante dans la reconnaissance du fardeau de cette maladie et de la nécessité de construire une approche généralisée de prévention et de prise en charge.
L’appui de la Fondation Pierre Fabre au Ministère de la santé
Engagée en RDC depuis 2014 dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut Européen de Coopération et de Développement (IECD), la Fondation Pierre Fabre a été sollicitée par les pouvoirs publics pour apporter son expertise et contribuer au processus d’alignement du plan national drépanocytose sur le Plan National de Développement Sanitaire.
Ce soutien couvre deux aspects :
- L’accompagnement des partenaires locaux dans la formalisation d’une stratégie nationale d’intégration de la drépanocytose dans les grands programmes de santé du pays ;
- La définition d’un plan d’action ciblé sur le diagnostic, la formation des soignants, la sensibilisation du public et la collecte de données épidémiologiques.
Un projet pilote dans trois zones de santé de RDC
Parallèlement à cet accompagnement, la Fondation Pierre Fabre a sollicité le financement d’une phase opérationnelle pilote auprès de l’Agence Française de Développement (AFD). Le projet sera déployé sur trois zones de santé de RDC, dont les centres de proximité seront épaulés dans la prise en charge des patients drépanocytaires.
Ce projet, d’une durée de trois ans, porte sur la fourniture des équipements, la formation des équipes, la prévention auprès des jeunes et la sensibilisation des communautés. Les résultats de cette phase pilote, qui devrait démarrer en 2021, permettront de formaliser des résultats d’impact, de verser des données au projet national et de faciliter la mise à l’échelle dans l’ensemble du pays.
Trois questions à Léopold Nzambimpungu, Directeur National adjoint du Programme National de Lutte contre la Drépanocytose du Ministère de la Santé de RDC
Comment est né le plan stratégique de lutte contre la drépanocytose ?
« Il est né d’une volonté politique forte d’intégrer la prise en charge de la drépanocytose dans notre plan national de développement sanitaire et dans notre système de santé, c’est à dire dans les centres de santé communautaires, les hôpitaux de référence et les programmes de recherche. La drépanocytose est une maladie négligée, c’est pourtant la première maladie génétique au monde et nous sommes tristement l’un des pays les plus touchés. »
Qu’est ce qui va changer pour les patients drépanocytaires ?
« L’objectif est d’intégrer le dépistage et la prise en charge de la drépanocytose dans le paquet minimum de soin, au même titre que le sont aujourd’hui le VIH-Sida, le paludisme et la tuberculose. Grâce au dépistage précoce systématique, nous allons faciliter l’accès aux soins et améliorer la qualité des services offerts sur l’ensemble du territoire. Avec une priorité : les enfants, dont le taux de mortalité est particulièrement élevé dans les zones rurales reculées. »
Comment la Fondation Pierre Fabre accompagne-t-elle cet engagement ?
« Nous avons sollicité la Fondation Pierre Fabre, qui nous a aidé à valider les documents normatifs, à définir une feuille de route et à formaliser un plaidoyer pour mobiliser d’autres partenaires financiers. Nous avons également besoin d’accompagnement en termes de communication et de sensibilisation car la drépanocytose est une maladie mal connue et stigmatisante, qui pâtit du poids d’anciennes croyances. Un important travail de pédagogie doit être mené auprès des communautés pour changer les mentalités. »