Développer des soins essentiels de qualité pour les populations démunies au Liban : Le Projet SOHA 2

L’HISTOIRE

Le projet SOHA signifie « santé » en arabe, il s’organise autour de la prévention, du développement des consultations médicales, de la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques, de la lutte contre la surconsommation médicamenteuse et de l’accompagnement vers un équilibre financier des structures de soin. 

CONTEXTE

La Fondation Pierre Fabre intervient au Liban depuis 2002 en soutenant les activités du centre médico-social de Khaldieh, opéré par l’Association libanaise des Chevaliers de Malte. Depuis 2016, elle a également participé à la mise en place d’une unité médicale mobile dans la Bekaa Ouest pour faire face aux besoins sanitaires des réfugiés venus de Syrie et des populations libanaises démunies.

Alertée sur la dégradation de la situation sanitaire du pays par son partenaire historique, la Fondation a co-construit avec lui un programme triennal (2020-2022) qui ambitionne de répondre aux besoins croissants en soins de qualité et d’y associer des campagnes de sensibilisation et de dépistage pour faciliter la prise en charge précoce des patients.

Depuis 2019, le Liban connaît l’une des trois crises économiques et financières les plus graves au monde plongeant dans la grande pauvreté plus de 30% de la population selon la Banque Mondiale. Les indicateurs clés se sont détériorés tandis que le fardeau des maladies chroniques reste la composante la plus importante du profil de santé du Liban, à l’origine de 91% de tous les décès d’après l’Organisation mondiale de la santé.

Le projet Soha 2 entend répondre aux conséquences sanitaires de la paupérisation de la population vivant au Liban. Il développe une approche novatrice fondée sur la prévention et l’accès aux soins des patients les plus fragiles atteints de pathologies chroniques, grâce notamment à la mobilisation communautaire et à l’instauration d’une conduite médicale hybride mixant les consultations en ambulatoire et la téléexpertise, assorties d’une régulation de la tendance à la surconsommation médicale et médicamenteuse. La pérennité de la démarche repose sur une approche révisée de la santé, en lien avec le protocole de subvention des soins de santé primaires à long terme, la poursuite de l’accréditation des centres de santé primaire de l’Association libanaise des Chevaliers de Malte (ALCM), la veille épidémiologique et un travail de recherche d’équilibre financier.

DESCRIPTIF  

L’évolution des conditions de vie de la population vivant au Liban, dans un environnement fortement dégradé sur fond de crise économique et sociale, de recrudescence des tensions entre populations libanaises et syriennes et de possible extension du conflit avec Israël, requiert de repenser l’approche médicale en optant pour un maintien de la population en bonne santé grâce à la prévention des maladies chroniques. Cette approche médicale, alignée sur le Plan stratégique national 2030 du ministère de la Santé publique (MSP), implique une modification de la relation entre le patient et son médecin. Les mesures préventives portent sur l’information en matière de style de vie, de prophylaxie des maladies chroniques, de la santé mentale et la vaccination, en ayant notamment recours à la mobilisation communautaire. Les campagnes d’information sont organisées en coordination étroite avec le MSP incluant les volets genre et jeunesse.

La prise en charge des patients souffrant de pathologies multimorbides porte sur la réduction des facteurs de risques, un suivi médical renforcé, un mix personnalisé de consultations en ambulatoire et de téléexpertise, un traitement adapté et la responsabilisation du malade. Les protocoles de soins répondent aux préconisations nationales du Protocole de subventions à long terme des soins de santé primaire. La gestion des stocks de médicaments tant au dépôt central de l’ALCM que dans les pharmacies de ses centres de santé primaire étant effective, une solution d’enregistrement rapide des prescriptions médicales est développée dans le système d’information sanitaire Phenics. Ceci permet notamment de réaliser une gestion prévisionnelle ajustée des achats et de réaliser la réconciliation médicamenteuse.

À la suite de l’accréditation de 6 des 11 centres de santé primaire gérés par l’ALCM, un processus de contrôle qualité est instauré comprenant l’intégration des protocoles de prise en charge, l’utilisation des algorithmes, la réalisation d’audits internes réguliers dans tous les centres sur des activités précises. La démarche qualité s’appuie sur une recherche d’équilibre financier des centres. Les outils de suivi-évaluation sont définis pour chacune des activités médicales. Les process d’opérationnalisation des activités sont revus pour améliorer l’efficience et un suivi mensuel est opéré. Les sujets de recherche sont directement liés aux activités médicales et permettent d’en mesurer la pertinence et l’efficacité. Le produit de la recherche est utilisé comme autant d’outils d’aide à la décision pour orienter les activités médicales. Il donne également lieu à publications et partages avec les partenaires techniques et financiers qui interviennent au Liban (Ministères, agences des Nations Unies, bailleurs bi et multilatéraux, organisations non gouvernementales).

RÉSULTATS

Au terme du projet Soha 2, plus de 420 000 patients auront bénéficié directement du projet. 6 campagnes d’information auront été organisées. 12 000 patients auront été dépistés grâce aux 6 campagnes réalisées. 108 000 patients auront bénéficié de soins médicaux-pharmaceutiques. 1980 personnes seront formées. La soutenabilité financière des centres sera améliorée garantissant une meilleure pérennité des activités médicales de l’ALCM. Les 2 centres répondant directement à l’ALCM, non encore accrédités, le seront et/ou prêts à l’être. Le produit des activités de veille épidémiologique aura été partagé avec le ministère de la Santé publique (MSP). Le modèle développé à travers le projet Soha (1 et 2) constitue une référence dont la démarche reproductible fait jurisprudence dans un contexte d’Etat failli, notamment pour les autres centres de santé primaire intégrés dans le réseau du ministère de la Santé publique.